Dans un ancien quartier de Séoul envahi par les boutiques à la mode, une
petite échoppe fait de la résistance. Une petite laverie qui, pour
certains habitants, est un havre de paix dans une époque où tout change
trop vite. Ici, ils trouvent des étagères pleines de livres, un
éclairage chaleureux et l’odeur du café qui se mélange à celle du linge
fraîchement lavé.
Et puis un jour, un carnet est oublié sur la table. Un par un, des
clients commencent à écrire dans ce journal leurs joies, leurs chagrins
et leurs espoirs. Un homme âgé qui ne sait pas comment réparer sa
relation avec son fils ; une mère menacée d'expulsion ; une jeune femme
prisonnière d’une relation toxique…
Des voisins qui n'étaient autrefois que des visages anonymes choisissent
de répondre et, peu à peu, de s’entraider. La petite laverie devient le
lieu de rencontres précieuses qui vont bouleverser la vie de ceux qui
en poussent la porte.
Avec La petite échoppe des jours heureux, Kim Jiyun nous ouvre les portes d’une laverie pas comme les autres, nichée dans un quartier de Séoul en pleine mutation. Tandis que les enseignes modernes gagnent du terrain, cet endroit chaleureux résiste à la frénésie du monde, offrant aux âmes égarées un peu de répit, de café... et un cahier dans lequel chacun est invité à confier ses peines et ses espoirs.
L’idée est séduisante : faire d’un lieu du quotidien un espace de partage, de solidarité et de renaissance. L’atmosphère y est douce, presque ouatée. On s’y sent bien, comme enveloppé dans une couverture chaude un jour de pluie. L'entraide n'est pas un vain mot, et c’est sans doute ce que le roman réussit le mieux : redonner foi en l’humanité, sans cynisme, sans violence.
Mais à force de vouloir tout adoucir, le récit finit par s'effilocher. Les personnages défilent, nombreux, trop nombreux peut-être. Leurs histoires, souvent touchantes, se croisent sans toujours se répondre, et la cohérence d’ensemble se dilue dans la multiplicité des voix. Le carnet devient un prétexte, plus qu’un vrai fil conducteur. On aimerait s’attacher, mais on survole.
Le récit prend soudain des détours surprenants et laisse un goût d’inachevé. Pourquoi ces virages narratifs qui semblent ne mener nulle part ?
En refermant le livre, on garde en tête un lieu, une ambiance, une intention. Mais le reste s’efface, comme une buée sur une vitre. La petite échoppe des jours heureux est une lecture qui fait du bien sur le moment, mais qui manque d’épaisseur pour vraiment marquer. Une jolie parenthèse, douce mais un peu floue.
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