5 juin 1919. Alors que la nuit tombe, le docteur Nicole Mangin, 40 ans,
tente de trouver le sommeil et se remémore les moments forts de son
existence.
Spécialiste de la lutte contre les maladies contagieuses et le cancer,
elle se souvient surtout du front de Verdun, où elle a été mobilisée par
erreur.
C’est parmi les poilus, sous les bombardements, dans des hôpitaux
militaires et des installations de fortune, qu’elle écrira son destin.
Amie de Marie Curie, féministe courageuse confrontée à la dureté de la
guerre et à la misogynie, Nicole se rappelle aussi ses fêlures de femme.
Car, plus que quiconque, elle le sait : c’est de la douleur intime que
naît le dépassement de soi.
Par ce roman, Cécile Chabaud rend hommage à l’unique femme médecin française de la Grande Guerre.
Avec De femme et d'acier, Cécile Chabaud nous plonge dans le destin extraordinaire de Nicole Girard-Mangin, l’unique femme médecin mobilisée durant la Première Guerre mondiale. Ce roman se présente comme une ode au courage et à la résilience, mais laisse toutefois un sentiment mitigé en refermant ses pages.
C'est un récit poignant et sans concession qui brille par sa capacité à nous immerger dans l’enfer du front. Les descriptions des hôpitaux de campagne, des conditions de vie des poilus, et des bombardements sont d’un réalisme cru. Rien n’est édulcoré, et l’on vit la guerre de l’intérieur avec une intensité presque palpable. Ce choix d’hyperréalisme peut parfois heurter, mais il est nécessaire pour rendre hommage à cette femme d’exception et à ses confrères.
De plus, le combat de Nicole pour s’imposer dans un milieu profondément misogyne est fascinant. Le roman souligne avec force les défis auxquels les femmes étaient confrontées au début du XXe siècle, même lorsqu’elles se montraient aussi compétentes, voire supérieures, à leurs homologues masculins. L’amitié avec Marie Curie et les réflexions féministes apportent une dimension inspirante à l’histoire.
Si le style de Cécile Chabaud est fluide et accessible, il souffre d’une approche parfois trop didactique. Les nombreux termes médicaux et les détails scientifiques, bien qu’habilement vulgarisés, alourdissent le récit. On se sent davantage dans un cours d’histoire ou de médecine que dans un roman captivant. Cette approche rigoureuse, bien que respectable, manque de chaleur et d’émotion, ce qui aurait pu davantage impliquer le lecteur dans l’intimité de Nicole Girard-Mangin.
Le roman est indéniablement un bel hommage à cette pionnière courageuse, mais il manque ce « petit plus » qui fait vibrer. L’académisme de la narration freine l’émotion et crée une certaine distance. Nicole Girard-Mangin, malgré ses fêlures et son humanité, reste un personnage que l’on admire sans forcément s’attacher à elle.
De femme et d'acier est un ouvrage intéressant et instructif, qui met en lumière une figure injustement oubliée de l’Histoire. Cependant, son traitement trop académique et parfois froid empêche de s’immerger pleinement dans le roman. Un livre à recommander à ceux qui souhaitent découvrir le parcours exceptionnel de Nicole Girard-Mangin, mais qui pourrait dérouter les amateurs de récits plus romanesques et émotionnels.
Commentaires
Enregistrer un commentaire