Il y a
Maisie, qui semble si forte ; la discrète Lucy, épanouie dans la
maternité ; Clara, la rebelle, engagée dans l'American Indian Movement ;
Kenny, qui ne sait plus comment s'arrêter de fuir, et, enfin, Howie,
condamné pour avoir rossé son ancien tortionnaire.
D'une plume saisissante, Michelle Good raconte les destins entremêlés de ces survivants. Un roman choral bouleversant.
Michelle
Good est une autrice crie appartenant à la nation Red Pheasant. Elle a
travaillé comme avocate auprès des survivants des pensionnats
autochtones pendant plus de 20 ans et elle a également publié de la
poésie, des essais et des nouvelles dans de nombreux magazines et
anthologies. Cinq Petits Indiens a reçu, entre autres, le prix du
Gouverneur général 2020 et le prix du public Canada Reads de
Radio-Canada.
Livre reçu dans le cadre d'une Masse critique privilège organisée par Babelio.
Récit qui n’est pas s’en rappeler l’excellent livre de Colson Whitehead, Nickel Boys voire les récits de Jim Fergus. Ici, nous sommes au Canada dans les années 60. L’État a décidé d’éduquer les autochtones, c’est-à-dire les indiens. Quoi de mieux pour les rendre dociles et civilisés que de les mettre entre les mains de Dieu, dans des pensionnats isolés et tenus d’une main de fer par des prêtres et sœurs. Dans ces lieux clos, garçons et filles reçoivent une éducation qui feront d’eux de bons blancs à la peau bronzée ayant renier leurs origines, croyances, culture. Bref, un lavage de cerveau en bonne et due forme à coup de sévices mental et corporels. Et plus si affinités…
Ici, c’est l’histoire de 5 enfants arrachés à leur famille, débarqués sur une île, dans le pensionnat de l’horreur. Et puis un jour, ces mêmes enfants sont amenés dans une barque avec leur baluchon, de la menue monnaie et retour à la civilisation. Aucune explication, aucune aide ; ils sont lâchés dans un monde inconnu, intolérant, raciste. Et pourtant, il va falloir qu’ils se battent à nouveau pour reprendre ce qu’on leur à voler : leur vie.
On ne va pas se mentir, ce n’est pas une lecture très réjouissante ni facile.
Nous suivons 5 gueules cassées dans leur combat pour survivre aux sévices puis se
reconstruire. Mais peut-on se reconstruire lorsqu’on a voulu vous effacer de la
surface de la terre. Car là était le but ultime de l’État canadien. Reste le
côté historique avec la vulgarisation de ce pan méconnu de l’histoire
canadienne. Il semblerait que ces pensionnats ont été créés en 1831 et fermés en 1996. Cela en fait des malheureux, des vies broyées. Enlevés à 6 ans, libérés à 16 ans sans éducation ni métier. Des êtres à qui l'ont avait pris toute dignité. C'est un témoignage fort que nous livre Michelle Good. L'écriture est simple mais pudique. Rien ne nous est épargné mais sans tomber dans le voyeurisme. Les sous entendus suffisent à eux même et nous permettent d'imaginer ce que ces enfants ont enduré. Aucun jugement n'est porté : les faits et seulement les faits. Nous suivons ces cinq jeunes dans leur reconstruction ; certains s'en sortent, d'autres pas. La couverture lumineuse ne laisse aucunement présager de ce qui nous attend à l'intérieur de ce livre et c'est tant mieux. J'ai lu sur le site Actualité que le livre serait adapté en mini série. A suivre
Commentaires
Enregistrer un commentaire