En 1901, le mot " bonne à tout faire " est absent du premier dictionnaire d'Oxford.
Ce roman est l'histoire de celle qui l'a volé.
Esme est née entourée de mots. Orpheline de mère, elle passe son enfance dans le " Scriptorium " à Oxford, où son père et une équipe de lexicographes, sous la direction du Dr Murray, rassemblent des définitions et des citations pour constituer le tout premier dictionnaire d'Oxford.
Cachée sous la table de tri, Esme remarque un jour une fiche qui a échappé à l'un des assistants lexicographes, sans qu'il s'en aperçoive. Cette fiche contient le mot " bonne à tout faire " dont Esme ignore le sens.
Elle la recueille et la dissimule dans la valise de son amie Lizzie, jeune servante à la maison des Murray. Se donnant pour mission de " sauver " les mots, elle se met à collecter d'autres fiches en provenance du Scriptorium que les hommes du dictionnaire décident d'écarter.
Au fil du temps, elle s'aperçoit que de nombreux mots sont mis de côté, principalement quand ils concernent les femmes. Alors elle commence à constituer son propre dictionnaire, celui des mots oubliés.
Une fois n'est pas coutume je commencerai par une note de l'auteure : " Au début du livre, il y eut deux questions fort simples : les mots ont-ils un autre sens pour les hommes et pour les femmes ? Et le cas échéant, est-il possible que nous ayons perdu quelque chose au cours de leur processus de définition ? "
Depuis toute petite j'aime les mots. Quel meilleur moyen de les découvrir si ce n'est à travers un, non, des dictionnaires. J'ai chez moi de nombreux dictionnaires. Le Littré est mon préféré et j'adore l'ouvrir et lire un mot juste pour le plaisir. Je viens de m'offrir le Dictionnaire historique de la langue française de Alain Rey. Alors je ne pouvais passée à côté du Dictionnaire des mots oubliés de Esme Nicoll.
Pour ma part, j'ai tout adoré dans cette histoire. Les mots, la création d'un dictionnaire, le combat des femmes pour exister... Bon, un bémol pour la guerre, mais malheureusement, on ne peut l'occulter. Esme est attachante dès le début : voleuse, sauveuse puis collectionneuse de mots. Les mots réconforts et soigneurs des maux.
Tout commence par un mot : ROSE qu'Esme n'hésite pas, du haut de ses 6 ans, a sauvé des flammes. Et puis, il y a bonne-à-tout-faire qui s'échappe de la table de tri pour atterrir à ses pieds. Et puis il y a ces mots de femmes qui n'apparaissent dans aucun dictionnaire, qui en sont même bannis par les hommes. Esme n'est ni lexicographe, ni philologue. C'est juste une jeune femme qui a grandit au milieu des mots et qui voudrait qu'aucun d'eux ne tombent dans l'oubli. Elle les collectionne, les collecte afin de former son dictionnaire à elle. Il y a AMOUR, ETERNEL, PECU, CON... et bien d'autres.
Il y a surtout une histoire de femmes : Lizzie, bonne-à-tout-faire, qui aime les mots mais ne sais ni les lire ni les écrire. Il y a Tilda et son combat pour un monde meilleur et égalitaire pour les femmes. Il y a ces mères, épouses et sœurs qui pleurent leur homme tombé au champ de bataille. Et il y a toutes ces anonymes qui ont récoltées et travaillées dans l'ombre pour que naisse le Oxford English Dictionary.
J'ai vu dans des chroniques le regret de ne pas avoir plus de mots oubliés. Nous sommes dans un roman, pas dans un dictionnaire. Les mots oubliés se trouvent dans les dictionnaires : Le Littré, Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaire des mots rares et précieux, Abracadabrantesque ou le dictionnaire des mots inventés, Crapoussin et Niguedouille ou la belle histoire des mots endormis... Vous avez aussi les livres d'Erik Orsenna au pays de la grammaire française. Si cela ne suffit pas, il y a le site Gallica ou, mieux, il suffit de relire les classiques de la littérature. Bref, il y a du choix pour trouver ces mots oubliés, effacés parce que trop vieux, démodés, plus d'actualité.
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