Lyon, 1897. Alors que des corps exsangues de jeunes filles sont
retrouvés dans la ville, pour la première fois des scientifiques partent
à la recherche du coupable, mettant en pratique sur le terrain toutes
les avancées acquises en cette fin de XIXe siècle. Autopsies des
victimes, profils psychologiques des criminels, voilà ce que le
professeur Alexandre Lacassagne veut imposer dans l'enquête avec son
équipe, mais sait-il vraiment ce qu'il fait en nommant à sa tête
Félicien Perrier, un de ses étudiants aussi brillant qu'intrigant ?
Entouré d'Irina, une journaliste pseudo-polonaise, et de Bernard, un
carabin cent pour cent janséniste, Félicien va dénouer, un à un, les
fils enchevêtrés de cette affaire au coeur d'un Lyon de notables,
d'opiomanes et de faiseuses d'anges. Jusqu'à ce que le criminel se
dévoile, surprenant et inattendu, conduisant le jeune médecin au-delà de
ses limites.
Voici une découverte avec cette enquête originale qui nous fait
découvrir les prémices de la médecine scientifique. Qu'avons-nous ? Des crimes
sordides de jeunes femmes abandonnées. Point commun de ces meurtres : toutes ont
avorté. Évidemment, à cette époque, l'avortement est illégal et doit se faire
par l'intermédiaire de faiseuses d'ange. Le professeur Lacassagne pense que le
crime doit être abordé d'une autre façon. L'analyse de la victime, de ce qui
l'entoure, mais surtout réfléchir comme le tueur. Afin de développer sa pensée,
il s'entoure de deux de ses meilleurs élèves Bernard et Félicien. Eux-mêmes se
retrouvent rejoints par Irina qui assiste aux cours de l’éminent professeur
déguisée en homme. Car en ce temps-là, il est hors de question qu'une femme
fasse médecine. Mais une femme pour se travestir en homme doit avoir sur elle un
sauf-conduit, qu'Irina n'a pas.
Nous partons donc en compagnie de ce trio sur les traces d'un tueur
sanguinaire, organisé qui n'hésite pas à laisser des messages sur et dans ses
victimes. L'enquête en elle-même est un peu compliquée et il m'est arrivé de
perdre le fil. Non ce qui rend ce récit intéressant et prenant c'est le contexte
historique, les us et coutumes de cette époque, le combat des femmes pour être
acceptées comme être humain et non pas comme sous-homme. Très bien documenté,
Coline Gatel a su recréer l'atmosphère de cette époque. J'ai ressenti le travail
de recherche effectué par l'auteure pour recréer le Lyon de cette époque, avec
ses petites rues, ses différences de castes, le parfum de révolte qui commence à
se faire sentir.
Pour ce qui est des personnages nous avons Irina, suffragette avant l'heure.
Tout lui est interdit au motif qu'elle est une femme. Que cela ne tienne, elle
sera homme. Félicien est un brillant étudiant qui est en conflit avec sa face
obscure. Cynique, sarcastique, égoïste, il doit faire appel à l’opium pour
oublier... Mais oublier quoi ? Bernard est tout le contraire. Timide,
introverti, on a beaucoup de mal à le cerner à s'intéresser à lui. Dommage, car
on s'ennuie facilement sur les passages le concernant.
Je reste mitigé sur cette lecture. C'est une jolie découverte, mais qui
s'oublie aussitôt le livre refermé. À lire pour le côté historique, pour
retrouver Lyon du XIXe siècle. Pour le reste, à vous de voir.
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