Mildred Pierce, petite femme aux cheveux blonds mousseux et aux yeux
bleus limpides, décide de se séparer de son mari ; c'est, dit-elle,
parce qu'il court après une certaine Mrs.
Biederhof, mais surtout parce que, victime de la crise de 1929, il est
sans travail et en prend trop aisément son parti. Elle doit pourtant
gagner sa vie, et celle de ses filles, alors, pour s'en sortir, elle
vend les " pies " faits maison, et travaille comme serveuse dans un
restaurant. Mais cela ne suffit pas, du moins pas aux yeux de sa fille
aînée, Véda, alors Mildred se lance dans les affaires et ouvre son
propre restaurant " Mildred Pierce, Poulet - Gaufres - Pies ", suivi
d'un deuxième, puis d'un troisième.
Elle fait aussi la connaissance de Monty Beragon, un jeune et élégant
oisif, devient sa maîtresse, puis, lorsqu'il est ruiné, l'entretient.
Or, pendant ces années de lutte, Véda grandit et devient une rivale
redoutable au caractère orgueilleux. cupide et méprisant, et Mildred,
rejetée et bafouée, se retrouve, après un drame affreux provoqué par sa
propre fille, seule, pauvre et vieillie.
Ce roman, je voulais le lire depuis pas mal de temps, à vrai dire depuis la visualisation de la mini série avec la sublime
Kate Winslet. Alors dans le cadre de mon challenge, je l'ai choisi pour la rubrique "Roman d'apprentissage".
Je dois bien avouer que j'ai eu du mal à me défaire de l'image donnée par la série de Mildred et Véda pour me conformer à celle donnée par le livre. Mildred et Véda... Ah, deux sacrés bonnes femmes. Une ne vivant que pour l'autre, et l'autre ne vivant que pour la détruire. En général, on sait que la relation mère/fille n'est pas la plus simple mais là... Mildred est coincée dans sa banlieue coquette entre deux filles et un mari volage et ruiné. Afin d’échapper à ce quotidien, elle cuisine des "pies" qu'elle vend à ses connaissances. Devant faire face à la faillite de son mari et désirant donner le meilleur à ses filles, elle décide de virer le mari et de prendre un emploi. Évidemment, à cette époque, les femmes qui travaillent n'ont pas beaucoup le choix : soit servir dans une maison, soit servir dans un restaurant. Elle choisit l'option restaurant et découvre un monde dans lequel elle s'épanouit et se révèle. Voulant répondre aux rêves démesurés de Véda (elle rêve de devenir pianiste), elle ouvre son propre restaurant qui connait un succès fulgurant. Dès lors, plus rien n'a de limite et doucement et surement, cette battante se laisse happer et détruire par un amant oisif et une fille toujours insatisfaite et mal aimante.
Deux portraits de femmes que tout oppose : Mildred, douce, fonceuse, aimante et Véda, un monstre de cruauté, de froideur et de cupidité. Ce roman c'est le récit de cette malsaine passion maternelle qui ne prendra fin qu'avec un drame. C'est aussi une peinture, pas toujours tendre, de cette époque des années 30 et de l'émancipation féminine.
En même temps, et avec un peu de recul, on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il ce serait passé si Véda avait été différente. Mildred aurait elle eu la volonté de réaliser ce qu'elle à réaliser, d'aller au bout de son rêve ? Pas si sure puisque son leitmotiv, c'est répondre aux quatre volontés de Véda.
Magnifique roman, d'une noirceur réaliste.
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