Au XVIIIe siècle, dans le petit village de La Besseyre-Sainte-Marie, en
Gévaudan, on a moins peur des loups, que l'on sait traquer depuis
longtemps, que du Diable. Seul le père Chastel sait le tenir à distance
avec ses potions et ses amulettes. On respecte, on craint cet homme qui
détient tant de «secrets». Mais lorsque la région devient la proie d'un
animal aussi sanguinaire qu'insaisissable, comme vomi par l'enfer, le
sorcier reste impuissant. La perte de ses pouvoirs serait-elle liée au
retour de son fils Antoine, cet étrange garçon solitaire et sauvage,
échappé des geôles du dey d'Alger ?
Avec son art de mêler histoire et mythe, la romancière
nous entraîne cette fois sur les traces d’une légende, la bête du
Gévaudan. Cette légende bien connue cache un fait
divers atroce, attesté par de nombreux documents historiques qui
dénombrent plus d’une centaine de victimes affreusement agressées,
démembrées et dévorées entre 1764 et 1767. Mais dès le départ ou presque – et c’est son coup de génie –,
elle nous dévoile le mystère. On est en compagnie de la bête, à la fin
du XVIIIe siècle, dans un village hanté par la peur des sorciers et des
loups-garous. Comme l’a supposé un vieux sabotier s’adressant au
louvetier, tueur de plus de 1 000 loups : « On dirait qu’elle obéit à un
maître. » En effet. Et c’est ce maître qui intéresse l’écrivaine, car
c’est lui qui est vraiment « la bête ».
Certains lecteurs ont crié au
scandale à la lecture de La Bête car ce roman ne relate pas la
vérité. En effet, Catherine Hermary Vieille a choisi de reprendre
une ancienne version de la légende, depuis largement réfutée par les
enquêteurs, et de la ré-écrire avec les yeux du présumé meurtrier. Ainsi,
ce n’est pas l’aspect terrifiant du roman qui est défendu, puisque
cette approche a le désavantage de supprimer tout le mystère lié aux
agressions, mais sa profondeur psychologique, car Catherine Hermay
Vieille invite le lecteur à pénétrer un esprit meurtri, torturé par la
souffrance et l’injustice. Comment la folie meurtrière peut-elle
accaparer l’esprit d’un homme ? Pourquoi tuer, et tuer encore ? Le
lecteur accompagne cet homme dans les ténèbres et le voit lentement
devenir une bête, un être sauvage dominé par ses pulsions et son besoin
de vengeance
Ce livre est court, mais il est bigrement efficace. Le style concis de
l’auteur est très appréciable : Catherine Hermary-Vieille choisit ses
mots afin de nous livrer un ensemble percutant. Le tout est dynamique, a
aucun moment je ne me suis ennuyée, et rien n’est superflu… Chaque
épisode présenté sert à la compréhension de l’histoire, on ne se perd
pas dans des détails inutiles.
En conclusion, un roman très intéressant et captivant.
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