Le manuscrit de Pignatelli - Cavalivres
«Tant de morts autour de ce manuscrit...
Me remémorant le fil de ces dernières années, je revoyais en pensée la portraiture d'Évonyme Philiastre, mon empoisonneur. Il m'avait volé le manuscrit et avait été le premier à tenter d'en tirer profit : on l'avait trouvé sans vie dans sa cellule, emporté par une crise d'apoplexie ; je me souvenais également de Joachim Beauvais, le jeune libraire de la rue des Amandiers, arrêté quand il s'apprêtait à en donner une traduction.
Il y avait eu ensuite l'infortuné Jehan Davesnes, mis au pilori de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés puis assassiné pour l'avoir soustrait aux griffes du Parlement. Sentant l'étau se refermer sur lui, il avait eu le temps de le confier à François d'Aubijoux que je venais rencontrer dans son hôtel proche du Louvre, peu avant qu'il ne trépasse d'une horrible infection gangreneuse.
Un certain Guignard, faisant profession d'imprimeur-libraire au Palais, l'avait récupéré puis s'était enfui pour cause de proscription. Je l'avais retrouvé à Xaintes, vivant ses dernières heures avant que la peste contractée à Paris ne l'emporte. Puis dernièrement, le malheureux Girolamo, victime de l'ardeur de sa jeunesse et d'un amour immodéré des putains, et maintenant ce courtier bâlois, dont je n'avais pas de nouvelles, mais dont il était aisé de prédire le destin.
Sept... Je recomptais encore une fois sur mes doigts comme un enfant appliqué ; c'était bien cela, j'en dénombrais sept, sept personnes mortes après l'avoir simplement tenu en main ou avoir travaillé dessus... Hasard ? Volonté occulte ? Châtiment divin ?»
Me remémorant le fil de ces dernières années, je revoyais en pensée la portraiture d'Évonyme Philiastre, mon empoisonneur. Il m'avait volé le manuscrit et avait été le premier à tenter d'en tirer profit : on l'avait trouvé sans vie dans sa cellule, emporté par une crise d'apoplexie ; je me souvenais également de Joachim Beauvais, le jeune libraire de la rue des Amandiers, arrêté quand il s'apprêtait à en donner une traduction.
Il y avait eu ensuite l'infortuné Jehan Davesnes, mis au pilori de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés puis assassiné pour l'avoir soustrait aux griffes du Parlement. Sentant l'étau se refermer sur lui, il avait eu le temps de le confier à François d'Aubijoux que je venais rencontrer dans son hôtel proche du Louvre, peu avant qu'il ne trépasse d'une horrible infection gangreneuse.
Un certain Guignard, faisant profession d'imprimeur-libraire au Palais, l'avait récupéré puis s'était enfui pour cause de proscription. Je l'avais retrouvé à Xaintes, vivant ses dernières heures avant que la peste contractée à Paris ne l'emporte. Puis dernièrement, le malheureux Girolamo, victime de l'ardeur de sa jeunesse et d'un amour immodéré des putains, et maintenant ce courtier bâlois, dont je n'avais pas de nouvelles, mais dont il était aisé de prédire le destin.
Sept... Je recomptais encore une fois sur mes doigts comme un enfant appliqué ; c'était bien cela, j'en dénombrais sept, sept personnes mortes après l'avoir simplement tenu en main ou avoir travaillé dessus... Hasard ? Volonté occulte ? Châtiment divin ?»
Ce livre d'une extraordinaire richesse
historique nous entraîne, façon thriller, dans une des pages les
plus sombres de l'Histoire de France, celle des guerres de religion qui
finira avec la sanglante journée de la St Barthélémy.
Le fil conducteur est le précieux manuscrit de Pignatelli acheté à Naples par Charles Périer imprimeur-libraire. Il sera perdu, retrouvé après beaucoup d'aventures et de morts violentes.
Le rythme est rapide, l'écriture reste élégante dans la noirceur de l'histoire et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
Nous faisons la connaissance de Charles Périer, homme austère et profondément honnête qui a mis toute sa vie dans l'amour des livres et de la connaissance. C'est également l'occasion de découvrir , au 16ème siècle, la vie de ces libraires imprimeurs, protestants. Ces hommes n'ont pas cessé de s'exposer pour faire triompher leur foi et leur liberté de leur religion.
Ce livre nous décrit d'une façon saisissante la montée de l'intolérance religieuse et la mise en place d'un intégrisme accepté par l'opinion publique. Il est en cela très actuel et nous montre combien les mouvements d'intolérance et l'obscurantisme ont traversé le temps pour rester encore très présents.
Amoureux des livres et particulièrement de la littérature équestre l'auteur nous plonge dans une épopée historique époustouflante avec d'émouvantes rencontres humaines.
Le fil conducteur est le précieux manuscrit de Pignatelli acheté à Naples par Charles Périer imprimeur-libraire. Il sera perdu, retrouvé après beaucoup d'aventures et de morts violentes.
Le rythme est rapide, l'écriture reste élégante dans la noirceur de l'histoire et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
Nous faisons la connaissance de Charles Périer, homme austère et profondément honnête qui a mis toute sa vie dans l'amour des livres et de la connaissance. C'est également l'occasion de découvrir , au 16ème siècle, la vie de ces libraires imprimeurs, protestants. Ces hommes n'ont pas cessé de s'exposer pour faire triompher leur foi et leur liberté de leur religion.
Ce livre nous décrit d'une façon saisissante la montée de l'intolérance religieuse et la mise en place d'un intégrisme accepté par l'opinion publique. Il est en cela très actuel et nous montre combien les mouvements d'intolérance et l'obscurantisme ont traversé le temps pour rester encore très présents.
Amoureux des livres et particulièrement de la littérature équestre l'auteur nous plonge dans une épopée historique époustouflante avec d'émouvantes rencontres humaines.
Nous retrouvons l'ambiance de "Le nom de la rose" : un livre, des gens meurent de l'avoir tenu entre leurs mains. Là s'arrête la comparaison. Si le roman d'Umberto Eco nous tenait en haleine par son mystère, ici nous sommes retenus par l'Histoire.
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