Un plongeon dans l'Amérique esclavagiste
Après Griet, la servante qui inspirait au peintre Vermeer son célèbre tableau, La jeune fille à la perle, Tracy Chevalier crée un nouveau et formidable portrait de jeune femme.
Nous sommes en 1850, Honor Bright est anglaise, elle quitte sa famille pour rejoindre en Amérique une communauté de quakers, des chrétiens dissidents qui prônent le silence et la prière intérieure. Mais, émue par le sort des esclaves, Honor va s'affranchir de sa discrétion et participer au "chemin de fer clandestin", (Le chemin de fer clandestin expliqué) un réseau d'aide aux esclaves en fuite vers les terres libres du Canada.
Une page d'histoire américaine méconnue en Europe. Pourtant dans cette période "très tragique", cet exil "est le premier point de lumière", explique l'écrivain.
Nous sommes en 1850, Honor Bright est anglaise, elle quitte sa famille pour rejoindre en Amérique une communauté de quakers, des chrétiens dissidents qui prônent le silence et la prière intérieure. Mais, émue par le sort des esclaves, Honor va s'affranchir de sa discrétion et participer au "chemin de fer clandestin", (Le chemin de fer clandestin expliqué) un réseau d'aide aux esclaves en fuite vers les terres libres du Canada.
Une page d'histoire américaine méconnue en Europe. Pourtant dans cette période "très tragique", cet exil "est le premier point de lumière", explique l'écrivain.
Au-delà du passionnant contexte historique de son livre, le grand thème que développe Tracy Chevalier, c'est une fois de plus, l'émancipation de son héroïne. Honor débarque en Amérique, dans l'Ohio, effarouchée par le monde qu'elle découvre. Au fil des pages, on suit la métamorphose
de la jeune fille timide en femme intrépide à la conquête de sa
liberté. "J'aime beaucoup écrire sur les femmes dans le passé parce
qu'elles n'ont pas le pouvoir économique, le pouvoir social, mais elles
sont très fortes", confie Tracy Chevalier.
Elle a ce talent pour
reconstituer une époque et des décors, ici la vie des pionniers et les
paysages de l'Ouest américain. Pour en arriver là, l'auteur de La jeune fille à la perle a beaucoup enquêté et les recherches sont "la meilleure partie [du métier] d'écrivain", selon elle. "L'écriture c'est dur, les recherches c'est formidable", conclut-elle.
Précipitez-vous sur La dernière fugitive, le nouveau bijou de Tracy Chevalier, publié chez Quai Voltaire. (source RTL)
Précipitez-vous sur La dernière fugitive, le nouveau bijou de Tracy Chevalier, publié chez Quai Voltaire. (source RTL)
Encore
une fois, Tracy Chevalier m’a fait passer un excellent moment de
lecture ! Le contexte historique, assez peu connu, donne une dimension
concrète à l’histoire. Ce n’est pas seulement celle d’une jeune fille
qui prend son envol, c’est aussi un rappel des faits : oui,
l’esclavagisme était plutôt bien accepté par les américains blancs, qui
argumentaient en sa faveur pour des raisons économiques (HIC !). Oui, il
a existé un “chemin de fer clandestin”, réseau secret de routes
empruntées par les esclaves en fuite vers le Canada, alimenté par
quelques “rebelles” prêts à les aider. Cet aspect historique est donc
parfaitement intégré au récit et lui donne de la profondeur, un savant
mélange qui passionne le lecteur autant que l’auteur.
Revenons
à Honor, l’héroïne de l’histoire. Libre et déterminée, elle lutte
(d’abord secrètement puis le visage découvert) pour ses convictions :
c’est ce qui fait que dès le début, on ne peut que l’admirer.
Fraîchement sortie du nid parental, cette passionnée de couture est
tendre et fragile, discrète mais observatrice. Tout de suite, on veut
devenir son amie ! Suivre ses péripéties au cœur de l’Amérique, ses
joies, ses blessures et ses colères est donc un plaisir immense de
lecture.
L’écriture
de Tracy Chevalier est, quant à elle, très fluide. La lecture n’est
jamais ennuyeuse notamment grâce au rythme de l’histoire. Les chapitres
sont toujours construits de la même manière : on suit d’abord Honor et
ses péripéties puis l’on termine chaque chapitre par une lettre de la
jeune fille, adressée à ses proches. En alternance, ces deux types
d’écriture allègent le récit et créent finalement une sorte de suspense :
que va-t-elle écrire à ses parents après ce qu’il s’est passé ? Comment
va-t-elle parler de tel événement à sa meilleure amie ?
Bref, vous l’avez compris, j’ai tout simplement adoré (et dévoré) La dernière fugitive
! Je n’ai jamais été déçue par Tracy Chevalier, alors si vous aimez un
tant soit peu les héroïnes qui ne se laissent pas faire et les romans
historiques, vous devriez vous lancer si ce n’est pas déjà fait !
Vivement le prochain !
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